LE PROJET

Il est donc ici question d’organiser un Evénement Phare avec ce grand Festival de Kanéka sur un lieu jusqu’ici inaccessible comme l’Arène de Paita, le chantre de la musique internationale.
Le KANEKA LEGEND 2022 a pour ambition de présenter au public calédonien le meilleur des artistes de KANEKA tels que DICK & HNATR (Nengoné), VAMALEY (Voh), BWANJEP (Hienghène), EDOU/MEXEM (Dréhu), BECIM (Koné), HYARISON (Hienghène) et MEA NEBE (Kouaoua). Une programmation haute en couleur avec une représentation de nombreuses aires culturelles de notre pays.
Il s’agit de redonner au KANEKA ces lettres de noblesses et la place qui est la sienne, c’est-à-dire celle de locomotive de la scène locale avec la mise en avant des anciens, ceux de la 1ère génération, porteurs de cette flamme originelle, susceptible de recréer une dynamique pour redonner un cap et redéfinir un cadre porteur d’espoir, d’ambition artistique et d’impact sur la jeunesse qui construit le pays.
Il est également ici question de participer à ce travail de mise en valeur du patrimoine musical du pays avec la mise en avant d’artistes, auteurs d’œuvres qui ont accompagnés les calédoniens durant tout le temps des Accords depuis la sortie des événements à nos jours. Ces œuvres telles que « Océanie » d’Edou, « Le passé » de Bwanjep, « Waipéipéigu » de Dick & Hnatr ou encore « Aotéaroa » de Vamaley et de nombreuses autres œuvres musicales du pays comme « Nengoné », « C’est nous les broussards », « Mme Malo », « Les bancs du Lycée », « Oubliez le mois de juillet » etc…) jouent un rôle de ciment dans la constitution du peuple calédonien puisqu’elles sont devenu au fil du temps des références communes aux différentes communautés du pays.
Il s’agit aussi d’occuper le paysage médiatique pour redonner de la valeur à la création musicale locale qui est trop souvent sous-estimé.
Ce festival Pays se déroulerait sur une soirée avec le soutien financier du Gouvernement de la Nouvelle Calédonie, des 3 Provinces, de plusieurs communes et d’un certain nombre de mécènes.
Les enjeux de ce type de projet sont de participer à redynamiser une filière en grosse difficulté du fait de la crise du Nickel et ensuite celle du Covid qui se répercutent au final sur les musiques actuelles parent pauvre de la culture.
Ce Festival a vocation à devenir annuel avec une ouverture prévue sur les autres musiques présentes sur la scène locale. On commence par le Kanéka parce que celui-ci dispose d’une base « public » beaucoup plus importante. Pour atteindre nos objectifs, il est important que le concept remporte l’adhésion des publics et évoluent progressivement dans le temps avec les publics.
Nos actions visent aussi à peser sur le vivre ensemble en proposant à terme une scène qui mélangent les styles pour que se mélange les publics et se tissent d’avantages de liens entre les communautés pour plus de cohésion sociale. Ce type de projet est fondamental dans la constitution de notre identité commune.

LES OBJECTIFS

  • • Relancer l’intérêt pour ce style majeur qu’est le Kanéka, patrimoine culturel du pays, en particulier auprès du public jeune.
    • Promouvoir le Kaneka en tant que style enraciné dans sa culture tout en étant actuel, novateur et ouvert sur le monde
    • Présenter au public toute la richesse du Kaneka avec un panel de différents styles
    • Inciter les artistes de Kaneka à se responsabiliser autour de projets structurants.
    • Organiser un événement autour du Kaneka qui rassemble différentes communautés et qui participent à créer du lien social entre les différentes générations, entre les quartiers et la ville et entre la ville et les tribus.
    • Développer les outils facilitant l’imprégnation de l’histoire.
    • Rendre visible dans l’espace public y compris urbain les arts et pratiques culturelles des gens du pays.

Le Kanéka, musique endémique du pays est d’emblée une musique de fusion, de mélange et de métissage. Sa base, avant tout, est constituée des rythmes traditionnels kanak que sont Pilou, Bwenando, Tchap, Bua, Féhoa, et autres rythmes saccadés du Grand Sud et des Iles Bélep. Il y a également les harmonies vocales kanak ainsi qu’un certain nombre de mélodies traditionnelles. Appuyé sur ces fondamentaux, le Kanéka s’ouvre ensuite sur le Monde avec de nombreux apports extérieurs selon les artistes, + reggae avec Edou, ou + Bluesy avec Vamaley et Rock avec Bwanjep etc…

Contexte
Fresque Historique

Courant 60, les artistes kanak font leur apparition avec les groupes de Folk Mélanesien en mode Guitare Traditionnelle essentiellement sur les Iles Loyautés… Il s’agit de la technique de picking guitare utilisée en West country. Ces groupes mélangent ce style à des mélodies loyaltiennes… Le premier enregistrement de BETHELA de Lifou, en 1975, rencontre un gros succès.
La porte ouverte, s’y engouffre dès le début des années 70 les groupes de Folk Variété avec SWAN, AMAKAL et ensuite YDAL (Lifou), KRYSS BAND, BLACK BROTHER (Canala), LES SOLITAIRES (Maré), RIVERSTARS, GJG, TEST (Nouméa)… Il s’agit surtout de variété, teinté de rock avec des mélodies sentimentales. C’est l’apparition avec SWAN des arpèges Guitare. À l’époque, on réalise des albums qui se vendent très bien et les prestations scéniques se résument à de l’animation de bal.
Avec YATA de Mont Ravel et son leader THEO MENANGO, tout va changer. Ces jeunes passionnés de musiques noires américaines redéfinissent la pratique musicale en NC. YATA délivre sur scène un répertoire de reprises internationales teintées de Soul music. Les prestations scéniques sont de grande qualité et le premier concert digne de ce nom à lieu au Liberty à Nouméa en 1985.
WARAWI WAYENECE (Amakal) et YATA innove en 83 avec le travail préparatoire à la création de l’hymne du « Festival des Arts du Pacifique » initialement prévu à Nouméa cette année-là. Ils composent un nouveau répertoire basé sur des remix de morceaux traditionnels du patrimoine de Maré ainsi que des nouvelles créations où les rythmes traditionnels sont pour la première fois devant tout le reste. Ce sont les débuts officiels du Kaneka. La réunion de 1986 à Nonhoué Canala donne un nom à ce style qui correspond à une affirmation culturelle, celle d’exister dans la sono mondiale comme une entité unique et à part entière. Un son né du Kanak
Le style s’appuie avant tout sur le mixage entre les influences traditionnelles, surtout les rythmes et les apports extérieurs tel que le Blues, le Reggae ou le Rock. Les textes sont souvent en langue du pays et ils sont pour la plupart engagés pour la libération du peuple kanak.
Jean Marie Tjibaou voulait à travers Mélanésia 2000 que le peuple kanak retrouve sa dignité de peuple avec son histoire et ses traditions et à travers cela que le kanak retrouve l’estime de lui-même bafoué par des années de soumission. La démarche du Kanéka s’inscrit dans cette dynamique avec une musique endémique qui s’enracine dans la tradition kanak tout en étant ouvert sur l’horizon.
En effet le Kaneka se situe dans la grande famille des musiques contemporaines. Et même si il tire sa substance de la nuit des temps, il n’en reste pas moins à l’affut des innovations et de l’actualité. Dans ce sens le Kaneka est pleinement un symbole de la construction du pays actuelle et à venir puisqu’il est concrètement un mixage.
Les années 90 et 2000 seront des années fastes pour le mouvement qui se développe de manière exponentielle. Les ventes de disques explosent et le nombre de groupe également. Toutes les régions du pays sont représentées. Toutes les langues kanak sont remises à l’honneur grâce au kaneka. Le Kaneka entre dans presque tous les foyers du pays avec des tubes qui font danser puisque le Kaneka s’officialise et devient plus festif qu’à ses débuts.
Le Kanéka commence aussi à s’exporter d’abord dans le Pacifique et ensuite vers le monde même si cela reste très modeste face à l’industrie musicale mondiale.
Hélas l’apparition du numérique occasionne un changement radical à l’orée des années 2010 et c’est le début d’une petite traversée du désert pour le Kaneka qui semble-t-il a du mal à se renouveler et à conquérir de nouveaux publics.
Désormais dans la force de l’âge, le Kaneka tarde à confirmer les promesses faites à l’époque. La mondialisation et le côté désormais éphémère de la musique mettent à mal ses convictions. Certaines de ses orientations commerciales prises par les producteurs des années 2000 ont semble-t-il quelque peu diluer sa force et l’ont rendu moins incisif.
Depuis quelques années déjà, la situation de la filière musicale locale est devenue difficile avec la chute des ventes d’album dû à la disparition progressive du CD, avec les chiffres alarmants concernant la faible diffusion locale sur les médias (Radios et TV), avec également une concurrence internationale en matière de concert.

A l’affiche du KANEKA LEGEND 2022

MEA NEBE groupe originaire de la tribu de Méa sur la commune de Kouaoua fait partie de ses groupes mythiques et fondateurs du kanéka au tout début des années 90. Adolphe Tamatoa Viriamu en est la cheville ouvrière depuis toutes ces années jusqu’à nos jours. Avec Kwéo de Houailou, ils avaient développé un son et une rythmique chaloupé typique de la région Ajië Aro proche du ska. Un style marqué par la guitare électrique et le bambou qui marque le rythme du Pilou et des harmonies vocales inspirées de la tradition vocale de la coté Est. Après plusieurs albums le succès s’amplifie à travers le pays.

Leur carrière prend une autre dimension avec la victoire sur le Concours « Ea Kaneka » organisé en 1995 par l’ADCK pour célébrer les 10 ans du Kaneka et partent en tournée avec la grande chanteuse béninoise Angélique Kidjo en Australie. Ils feront la 1ère partie de Salif Keita sur le CCT en 1998. Leurs textes abordent les problèmes de société et la lutte du peuple kanak

 

Groupe de Kanéka mythique originaire de Bas Coulna dans la chaine de Hienghène. Gilbert Téin « Kalenbat » en est la figure de proue. Cet homme a longtemps symbolisé le style puisqu’étant proche de Jean marie Tjibaou, il a porté cette voix du leader qui encourageait nos artistes musiciens kanak à poursuivre ce travail de recherche pour déboucher sur une musique qui nous est propre. Il a participé aux différentes expériences durant les années 80 dont la fameuse réunion de Nonhoué sur Canala en 1986 où pour la 1ère fois le terme « Kaneka » est apparu.

Avec son groupe BWANJEP, du nom de l’instrument traditionnel (battoir en peau de figuier) il est passé à la pratique et a commis quelques albums aussi durant la décennie 90 dont quelques tubes tels que « Loulou » et « Le passé ». Gilbert et ses musiciens distillent un kaneka aux accents Bluesy et Rock teintés d’une certaine douceur dans les harmonies vocales sur de très belles mélodies, fusionnées aux sons des bwanjep, ce qui constitue leur marque de fabrique.

Jean Claude Ouédoye le leader historique et ses acolytes de Vamaley font partie de la légende du kanéka. Originaire de Témala Ouélisse sur la commune de Voh, ce groupe a, dans les années 90, marqué l’histoire de la musique en NC avec des titres tels que « Wiwatul», «Kanakman» ou encore «Aotéaroa». Il faut dire que le Blues a fortement marqué les 1ères formations de la Côte Ouest dans les années 70. C’est donc tout naturellement que VAMALEY, à la fin des années 80, oriente son kaneka vers le Blues avec également ce son d’harmonica qui saccade et qui donne la pulsation traditionnelle. Leurs textes sont conscients et parlent du long chemin du peuple kanak dans sa quête de liberté. La musique de VAMALEY aura compté pour toute une génération de calédoniens.

Ils ont joué en Nouvelle Zélande et en métropole et disposent toujours d’une grosse cote de popularité auprès du public du pays. Ils sont toujours présents sur les scènes calédoniennes et envisagent même un nouvel album.

Dick Buama et Hnatr sont mari et femme, dans la vie comme dans la musique. Originaire de Maré, ils ont fondé GUREJELE début 90 et ont, de suite, eu un 1er succès avec le tube « Wabeb Bulu ». Un style marqué par l’arpège guitare issu de la guitare traditionnelle, le bambou qui marque le rythme du Tchap et des harmonies vocales inspirées de la tradition vocale maréenne. Après plusieurs albums le succès s’amplifie à travers le pays. Le tube « Waipéipégu » en 2001 est leur plus gros succès à ce jour. Concerts et tournées Pacifique se succèdent. Leur carrière en solo après 2001 a connu le même succès avec toujours la même créativité, accompagné de musiciens professionnels. Leurs textes abordent les problèmes de société, les richesses de la tradition avec un regard optimiste mais parfois critique de l’évolution.

Il y a 2 ans sortais un nouvel album du couple. Désormais accompagné de leurs propres enfants, Dick & Hnatr sont de retour sur les scènes du pays. L’histoire continue et la transmission se fait

MEXEM qui veut dire « l’écho » en Dréhu, est de la tribu de Druéulu dans le district de Gaica sur l’ile de Lifou. On y danse le Drui, et c’est d’ailleurs le 1er nom du groupe. Début 90, un certain Edouard Wamai, qui deviendra le chanteur EDOU, rassemble quelques jeunes de sa tribu pour travailler sur les rythmes traditionnels fusionnés à des formes plus actuelles telles que le Reggae. Le groupe sort son 1er album rapidement et rencontre vite un gros succès populaire. D’autres albums et des dizaines de concerts vont suivre et vont asseoir la renommée de MEXEM. Parallèlement Edou entame une carrière solo avec l’enregistrement de l’album « Fétra ma cé » en 1996 avec les musiciens de Lucky Dubé star du reggae d’Afrique du Sud. Les tubes se succèdent tels que « Océanie », « Communication » … MEXEM impose une marque de fabrique reconnaissable avec des harmonies vocales masculines soignées, des mélodies riches et des arrangements au millimètre avec une forte influence reggae.

Edou véritable touche à tout, développera début 2000 un répertoire pour le public enfant. Que ce soit avec Leila Negrau, chanteuse réunionnaise ou bien Tutukani pianiste de Lucky Dubé et bien d’autres, Edou s’attachera toujours à fusionner son rythme du « Drui » avec des sons du reste du monde. Au fil de sa carrière, Edou a démontré qu’il était de ses artistes capables de tisser des passerelles entre les communautés et les générations grâce à sa musique et à sa générosité.

Habitant la cité mélanésienne de Mont Ravel dans les faubourgs de Nouméa, Valérie Célina Konéco débute la musique en étant choriste du grand YATA durant les années 80. Une mutation professionnelle sur le Nord en 1990, sur la terre de ses oncles maternelles dans la région de VKP, lui donne l’envie de continuer la musique et de monter son propre groupe. Elle se rapprochent de ses cousins de DACIM, groupe de la tribu voisine d’Oundjo. Le 1er album paru en 1995 intitulé « ERA TA BO » dégage une puissance largement perceptible par nombre de calédoniens avec des titres très dansant qui ont fait le tour du pays. Le deuxième album « SANG MELE » sort en 1998 chez Mangrove aussi. Des textes en Haéke (la langue de Baco), en Nengoné et en français interprétés par la voix puissante et reconnaissable de Célina. BECIM fait son grand retour l’an dernier à l’occasion du festival « KANEKA AU FEMININ » sur le Mont dore. Toujours entouré de Mr Etienne Goa, pianiste de DACIM et d’autres jeunes musiciens issus de la nouvelle génération, Célina a encore des choses à dire et une envie de rencontrer les gens à travers la scène à nouveau. A ne pas manquer pour le grand retour de BECIM.

Ritchy Bouanou, le leader de Hyarison a fait ses classes au sein des formations de Hienghène sa commune telles que CADA et surtout Koulnoué Boys Band le groupe de son papa. Il s’agit de la 3eme génération du Kanéka et il sera donc le benjamin du Festival. HYARISON est devenu également un groupe phare du kanéka en l’espace de quelques années avec 2 albums qui ont touché le cœur du public. Meilleures ventes à chaque fois, ce jeune combo originaire du bord de mer de Hienghène a développé un son bien à lui avec la voix claire de leur leader et un style « kanéka Pop » désormais facilement reconnaissable grâce aux superbes mélodies et aux harmonies vocales des choristes féminines. Leurs textes parlent du destin commun et des difficultés de la modernité. Très engagé dans le tissu associatif et sportif, Hyarison est parrain de nombreuses associations et en particulier en faveur du public handicapés. Plusieurs fois récompensé aux Flèches de la musique les années précédentes, ils nous feront l’honneur d’être spécialement pour le public de la Capitale et du Grand Nouméa sur la scène du KANEKA ALL STARS.